Le parc naturel de la mer de Corail au cœur des enjeux de la Décennie des océans

13 mai 2022

Évènement

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Ce mardi 3 mai a eu lieu le lancement, en Nouvelle-Calédonie, de la décennie des Nations unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030). Une décennie placée sous le signe de « la science dont nous avons besoin pour l'océan que nous voulons. 10 ans. 10 défis. 1 océan ». Une décennie dans laquelle le parc naturel de la mer de Corail s’inscrit pleinement.

Cette édition organisée par l’IRD au Centre Culturel Tjibaou a réuni les spécialistes des écosystèmes marins autour de deux tables rondes consacrées à la biodiversité, au climat et à la relation de l’homme à l’océan.

© Jean-Michel Boré

 

Les scientifiques de l’IRD, de l’Université de la Nouvelle-Calédonie, de la CPS ou encore de l’IFREMER ont chacun fait une présentation de leurs recherches, que ce soit sur la biodiversité, les tortues marines ou encore la gestion des stocks des thonidés dans le pacifique. Face au réchauffement climatique, les scientifiques sont unanimes. La seule chose qui atténuera les changements climatiques c’est la réduction des gaz à effet de serre. En Nouvelle-Calédonie, le récif a connu une canicule marine en 2016 qui s’est traduite par le blanchiment des coraux. En outre, il a été observé depuis ces soixante dernières années une augmentation de la température de 1,2 degré et on a également des projections de l’ordre de plus 3 degrés à l’horizon 2100, a souligné Christophe Menkès, directeur de recherche climat à l’IRD. Et d’ajouter que les prévisions sur le devenir des coraux est assez sombre.

Emmanuel Tjibaou qui accueillait cet événement a rappelé que la culture Kanak est étroitement liée à cet environnement marin : « l’océan est intime pour nous ».  Il a aussi partagé son inquiétude face aux conséquences du réchauffement climatique et sur la transmission des savoirs aux générations futures.

Ces tables-rondes en faveur de l’océan ont également été l’occasion de rappeler la richesse du patrimoine calédonien, joyau de la biodiversité. Les récifs isolés de la Nouvelle-Calédonie sont parmi les plus riches au monde et constituent un patrimoine unique au monde qu’il est impératif de protéger.

Le parc naturel de la mer de Corail : un défi pour concilier les usages et la conservation

Manuel Ducrocq, chef de service du parc naturel de la mer de Corail et de la Pêche a rappelé l’extraordinaire biodiversité du parc en précisant que l’éloignement et l’isolement de ses zones à fort enjeux contribuent à leur protection. «Même si les travaux et recherches doivent encore être poursuivis, ajoute-t-il, nous disposons aujourd’hui des connaissances indispensables pour définir des mesures de gestion cohérentes ». Face  à ces écosystèmes exceptionnels, des mesures de gestion fortes sur l’intégralité du parc pourraient apparaître comme une évidence. « Siège d’une activité maritime importante, d’une pêche thonière à l’activité économique historique, d’une pêche calédonienne durable et responsable, d’activités scientifique importantes et d’autres usages tels que le tourisme professionnel pour le moment en suspens, Il n’est toutefois pas envisageable d’exclure toute activité du parc. » Le challenge est donc le suivant : comment concilier les usages et la conservation ?  « La tâche est ardue. Il nous faut construire un modèle de gestion qui préserve les zones vulnérables et autorise le développement durable d’activités en harmonie avec la nature”, conclut Manuel Ducrocq. C’est seulement au travers d’une démarche de concertation que nous y parviendrons. C’est un défi majeur qui s’inscrit sur le long terme et que la Nouvelle-Calédonie doit relever au quotidien en responsabilité à l’égard des générations futures ».