Échouage des cétacés : une formation pour les agents du Parc

31 mars 2025

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Claire Garrigue et Solène Derville, biologistes spécialistes des mammifères marins et chercheuses à l’UMR Entropie de l’IRD ont mis sur pied cette formation pour Opération Cétacés.

Claire Garrigue et Solène Derville, biologistes spécialistes des mammifères marins et chercheuses à l’UMR Entropie de l’IRD ont mis sur pied cette formation pour Opération Cétacés.

Quatre agents du service du parc naturel de la mer de Corail et trois observateurs des pêches ont participé à une journée de formation sur l’échouage des mammifères marins. Dispensée par Claire Garrigue et Solène Derville de l’association Opération Cétacés, l’atelier s’est déroulé le 19 mars, dans les locaux de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), à Nouméa.

Les échouages de mammifères marins, bien qu'ils soient assez rares en Nouvelle-Calédonie (une dizaine par an), se multiplient à travers le monde, sans que l’on puisse réellement en préciser la raison. Membre du Réseau national d’Échouage, l’association Opération Cétacés, avec le soutien de l’IRD, récolte toutes les informations sur ces évènements afin de mieux comprendre les comportements, estimer le taux de mortalité, ainsi que les causes des décès… Surtout lorsqu’il s’agit de phénomènes de masse, très rares dans le Parc. Les échouages permettent en outre d'accumuler des données sur les espèces (biologie : âge, régime alimentaire, reproduction, état de santé ; distribution spatiale et temporelle) et sur les pressions naturelles ou les impacts qu’elles peuvent subir. Autant d’informations essentielles pour la gestion et la conservation des espèces concernées, en particulier dans le Parc. 

Observer et agir

Dans cette optique, Claire Garrigue et Solène Derville, biologistes spécialistes des mammifères marins et chercheuses à l’UMR Entropie de l’IRD ont mis en place une formation destinée à un public susceptible d’observer ces échouages, notamment lors de missions professionnelles en mer. Concernés au premier chef, les agents du SPNMCP – notamment l’équipage de l’Amborella – et les observateurs des pêches ont été introduits aux pratiques à mettre en œuvre lors de l'observation d'un mammifère marin, vivant ou mort, retrouvé échoué ou enchevêtré dans un engin de pêche. 

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Un protocole prévoit une procédure de communication, de sécurisation et de protection à appliquer en cas d'observation d’un animal blessé. Les observateurs sont, en fonction des situations, invités à identifier, examiner, mesurer, photographier, réaliser des prélèvements biologiques sur une carcasse (peau, dents, contenu de l'estomac, etc.). Plus les observations sont précises, mieux l’on peut identifier les causes et comment y remédier. 

Ils sont également informés des précautions à prendre sur le plan de l’hygiène et de la sécurité. Chez un animal blessé, certains comportements peuvent être imprévisibles et donc potentiellement dangereux. Il existe en outre un risque de contamination.

Transmettre

Les informations recueillies lors des constats d’échouage sont consignées dans une fiche d’échouage qui sera ensuite transmise à l’IRD afin qu’elle soit saisie dans la base de données locale nommée « Rescue ». Encore faut-il être en mesure d’apporter certaines précisions sur l’état de l’animal, reconnaître l’espèce et son anatomie, en définir le sexe ou la nature des blessures. C’est tout l’intérêt de cette approche à la fois théorique et pratique, renforcée par des quizz et des mises en situation. 

Il est effectivement crucial que les données collectées soient précises et exhaustives. C’est pourquoi il existe plusieurs niveaux de formation, en fonction des publics visés : associations, bénévoles, gestionnaires, experts, vétérinaires… Les données recueillies alimentent les indicateurs de diversité, de fonctionnement, de distribution et d’abondance, ainsi que les indicateurs de pression, surtout pour les zones littorales provinciales où l’on observe, le plus souvent, des échouages de dugong, de cachalots et de globicéphales tropicaux (delphinidés). Quant aux signalements dans le Parc : ils sont trop rares pour pouvoir en tirer des statistiques.

Si cette formation ne concerne exclusivement que les mammifères marins, ce ne sont pas les seules espèces vulnérables : tortues marines, oiseaux marins (en particulier les puffins et les pétrels), les serpents, les raies ou les requins font l'objet d’observations. Autant d'espèces pour lesquelles il existe des protocoles distincts. Toutes les informations recueillies à l’occasion de ces échouages peuvent aider à mieux connaître les animaux marins de la Nouvelle-Calédonie et les protéger du danger lorsqu’il est identifié.

 

Pour en savoir plus ou faire un signalement : https://rescue.ird.nc   

 

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