Une nouvelle mission d'observation des baleines à bosse en Nouvelle-Calédonie
24 juin 2022
Les baleines à bosse ou Megaptera novaeangliae sont des espèces emblématiques et patrimoniales du parc naturel de la mer de Corail, elles émerveillent petits et grands avec leurs sauts et leurs chants. Dans la culture Kanak, la baleine à bosse est une espèce d’intérêt patrimonial qui rythme depuis toujours le calendrier de la culture de l’igname, précieux tubercule, symbole de virilité et d’honneur.
Afin de renseigner les zones de conservation prioritaires et de faciliter la mise en place de mesures qui puissent efficacement protéger les grandes espèces migratrices, il est nécessaire d'acquérir des connaissances sur leur distributions. C'est pourquoi en 2016, l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) a lancé le programme WHERE qui vise à préciser tant géographiquement que temporellement les grandes étapes du passage des baleines dans le parc naturel de la mer de Corail.
Du 29 juillet au 9 août 2021, les scientifiques de l’IRD ont embarqué pour la dixième et dernière mission MARACAS (Marine Mammals of the Coral Sea) à bord de l’Amborella, navire multimissions du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Cette campagne qui s’est déroulée sur le plateau des Chesterfield a fait l'objet d'une restitution auprès des membres du comité de gestion. Elle a permis de révéler quelques particularités.
Ancien site de chasse baleinière au XIXème siècle, les récifs Chesterfield sont reconnus comme une importante zone de présence de mammifères marins par l'Union Internationale de la Nature. Cependant, les informations collectées jusqu'à présent ne permettent pas de déterminer l'origine des populations qui fréquentent ces récifs. Nous ne savons effectivement pas si ces baleines appartiennent à la population Australienne, Calédonienne ou encore du stock d’Océanie considéré comme en danger.
Au cours de cette ultime mission, les scientifiques ont tenté de collecter des échantillons génétiques et des photographies de baleines à bosse afin d’établir définitivement l’origine de ces espèces dans l’objectif de mieux comprendre leur comportement, en particulier pendant la période de reproduction et de mise bas au sein du parc naturel de la mer de Corail.
A l’occasion de cette opération, le nombre de baleines observées est demeuré faible, puisque 9 groupes de baleines ont été observés, pour un total de 14 individus, notamment en raison de conditions météo difficiles. Malgré tout, 7 échantillons de peau ont pu être collectés, et 7 baleines différentes ont pu être photo-identifiées. En parallèle, d'autres données pourront être étudiées, notamment les chants de baleines enregistrées pendant la campagne.
L’une des surprises de cette expédition réside dans l’observation exceptionnelle d’un « Sial », aperçu lors du dernier jour de la mission, qui avait été repéré lors de la mission MARACAS 3 en 2017 aux Chesterfield et à Bellona. Cette donnée n'est pas passée inaperçue pendant la campagne, puisqu’elle pourrait signifier une certaine fidélité des populations de baleines à cette zone maritime.
Les analyses des échantillons sont en cours et devraient permettre de lever le mystère de l’origine des baleines à bosse qui fréquentent les récifs des Chesterfield.