La métamorphose de la vie sous-marine loin de l'homme

26 novembre 2021

Découverte

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Il existe très peu d'endroits sur terre encore vierges ou presque de toute présence humaine. A une vingtaine d'heures de navigation de Nouméa, à l'intérieur même du parc naturel de la mer de Corail subsistent des récifs entièrement sauvages. Et ils n'ont plus rien à voir avec ce que nous avons l'habitude de voir.

C’est ce que les scientifiques appellent en anglais les “pristine reefs” ou “wilderness reefs”. Ils ne concernent plus qu’1,5 % des récifs de la planète et nous avons la chance d’en abriter un tiers, à l’intérieur du parc naturel de la mer de Corail. Loin de nos côtes calédoniennes, ils forment de véritables paradis sous-marins que seuls quelques scientifiques et de rares caméras ont pu approcher. 

Une campagne nommée Pristine – qui signifie site vierge - menée par l'IRD, le CNRS et l'université de Montpellier il y a à peine une dizaine d'années, a permis de faire la lumière sur ces écosystèmes particulièrement rares. En étudiant plusieurs de ces récifs, les chercheurs ont pu définir ce qu'ils ont appelé “l'état zéro”, c'est-à-dire le référencement de la biodiversité marine loin de la présence humaine afin d'obtenir une base de comparaison pour l’étude d’autres récifs plus fréquentés. Ils ont dénombré visuellement ou à l'aide de caméras, les poissons, squales et autres espèces présentes et le résultat est époustouflant.

 

Portrait de paradis sous-marin

Loin de la présence de l'homme, la vie sous-marine est bien plus dense. D'immenses cathédrales récifales abritent des gorgones, coraux, poissons et autres animaux depuis des milliers d'années. Certains récifs du parc naturel de la mer de Corail détiendraient le record en biomasse en poissons de récif, les espèces emblématiques comme le napoléon ou le requin gris y sont foisonnantes et les piscivores comme le thon à dent de chien ou la carangue bleue sont particulièrement abondants. Ces riches écosystèmes fournissent à la fois un habitat, un refuge, un garde-manger et une zone de reproduction à l'ensemble des espèces qu'ils abritent.

Malheureusement ces zones sont très fragiles, les experts avancent aujourd'hui que 70 % d'entre-elles sont gravement menacées par les activités humaines et pourraient disparaître en un clin d'œil. Autour de la grande terre, plus proche de nos côtes, le récif est déjà dégradé. Les squales de récif, premiers représentants de la chaîne alimentaire se font d'ailleurs plus rares. Il ne resterait que 10 % de requins gris, pointe noire ou blanche, nourrice ou autre citron. Le parc naturel de la mer de Corail, grâce à son plan de gestion, met tout en œuvre pour éviter que nos récifs éloignés subissent le même sort.