Marquage de requins en Calédonie
28 mars 2019
Estimer la mortalité des requins lors des activités de pêche hauturière s’avère nécessaire pour la Commission des pêches pour le Pacifique occidental et central (WCPFC) dans le cadre de sa gestion de la pêche au thon. Un programme régional de marquage des requins, subventionné par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) est mis en œuvre, dans la région des îles du Pacifique, par l’Institut national néo-zélandais de la recherche sur l’eau et l’atmosphère (NIWA). Après la Nouvelle-Zélande et Fidji en 2017, c’est au tour de la Nouvelle-Calédonie et des Iles Marshall d’adhérer au programme.
Les requins sont les principaux prédateurs des écosystèmes océaniques. En Nouvelle-Calédonie, ces poissons sont protégés par la réglementation calédonienne datant de 2013 et qui interdit toute pêche au requin. Lorsqu’ils sont capturés accidentellement pendant les campagnes de pêche hauturière dans le parc naturel de la mer de Corail, 100% des requins capturés sont relâchés. Toutefois, il demeure difficile de connaître le nombre d’animaux qui réussissent à survivre après cette phase de stress, lorsqu’ils sont relâchés vivants (96 %).
Fortement intéressée par la question de la survie de ces requins stressés par leurs captures, la Nouvelle-Calédonie s’est porté volontaire au programme régional lancée par la NIWA, l’institut national néo-zélandais de la recherche sur l’eau et l’atmosphère, et permet que des opérations de marquage ont pu être menées dans le parc naturel grâce à l’implication des observateurs de pêche. Cette participation de la Nouvelle-Calédonie et des autres îles du Pacifique devrait permettre de remédier au manque de données existant à ce sujet.
Les résultats sont également très attendus par la Commission des pêches (WCPFC) dans le cadre de son programme de conservation et de gestion des requins.
Notons également que ce programme régional de marquage cible exclusivement les requins-taupes bleus (ou requins mako) et les requins soyeux, espèces jugées vulnérables et impactées par la pêche à la palangre.
En Nouvelle-Calédonie, seul le requin mako est ciblé dans le parc naturel, le requin soyeux se trouvant plutôt aux Iles Fidji et aux Iles Marshall.
Apprendre à marquer
L’Institut national néo-zélandais de recherche sur l’eau et l’atmosphère (NIWA), chargé par la WCPFC de coordonner les études de marquage PRM (mortalité post-libération) dans la région Pacifique, avec l’aide de la Communauté du Pacifique (CPS), a créé un module de formation.
Ce dernier avait pour objectif :
- de sensibiliser les capitaines de palangriers calédoniens et les observateurs des pêches embarqués à bord des navires au programme de marquage au type d’informations requis et à la saisie des données,
- et de leur apprendre l’utilisation du matériel de marquage.
En août 2018, un atelier de marquage des requins, animé notamment par Caroline Sanchez, basée à la CPS, s'est déroulé au quai des armements des pêcheurs hauturiers à Nouville, à bord des palangriers.
Le programme débuté en 2017 faisait état en octobre 2018 de 43 requins mako et 23 requins soyeux marqués. L'objectif étant de réussir à marquer un total de 100 requins mako et 100 requins soyeux. Une dizaine de requins mako ont actuellement été marqués dans le parc naturel de la mer de Corail.
Les opérations de marquage du programme s’achèveront fin mars 2019. Après récupération et traitement des données, les résultats seront détaillés dans un rapport courant de l'année, et restitués à Wellington, à la NIWA, lors d’un atelier de travail prévu du 4 au 6 juin 2019.
Recueil des données, comment ça marche ?
Lorsqu'un requin est marqué d’une balise, elle enregistre les profondeurs et les températures minimales et maximales quotidiennes de l’animal. Si la balise reste en place pendant 60 jours, laps de temps considéré comme suffisant pour s’assurer de la survie du requin, elle se détache alors automatiquement du poisson, remonte à la surface, émet puis transmet les informations stockées par voie satellitaire. Ce système Pop-up permet de vérifier si le requin a survécu au processus de sa libération après sa capture accidentelle. Si un requin capturé, marqué puis relâché meurt, son corps coulera ; et après deux jours sans mouvement vertical, la balise se détachera et émettra une fois qu’elle flottera à la surface.