Extension des réserves: le Parc sous haute protection

13 décembre 2023

Réglementation

Le sud du bassin de Fairway, la ride de Norfolk, Walpole, la fosse des Nouvelles-Hébrides, la ride d’Entrecasteaux sont placés en réserves naturelles. Le banc Capel, Bellona et les atolls d’Entrecasteaux deviennent des réserves intégrales.

Le sud du bassin de Fairway, la ride de Norfolk, Walpole, la fosse des Nouvelles-Hébrides, la ride d’Entrecasteaux sont placés en réserves naturelles. Le banc Capel, Bellona et les atolls d’Entrecasteaux deviennent des réserves intégrales.

L’arrêté portant extension des réserves naturelles et intégrales du parc naturel de la mer de Corail, pris par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie le 18 octobre dernier, entrera bientôt en vigueur. À compter du 1er janvier 2024, la surface des réserves du Parc passe de 2,3 % à 10 % de l’espace maritime calédonien.

Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie souhaitait placer sous « haute protection » les zones du Parc essentielles pour la conservation des espèces emblématiques qui s’y reproduisent, comme la baleine à bosse ou la tortue verte, la sanctuarisation des monts sous-marins et la préservation des récifs les plus denses de la planète en termes de biodiversité.

Cinq nouvelles réserves ont ainsi vu le jour : le sud du bassin de Fairway, la ride de Norfolk, l’île de Walpole, la fosse des Nouvelles-Hébrides et la ride d’Entrecasteaux classées réserves naturelles. Une réserve intégrale est créée sur le banc Capel. Les réserves naturelles de Bellona et des atolls d’Entrecasteaux changent de statut : elles sont désormais réserves intégrales.

 

Avec ce plan de protection, aligné sur les standards fixés par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les surfaces de réserve passent de 31 426 km2 (soit 2,2 % du parc), à 136 530 km2…

 

Une large concertation

 

Au terme d’une concertation qui a nécessité une forte mobilisation des différentes parties prenantes pendant près de six mois, le nouveau plan de protection a permis in fine de recueillir un large soutien émanant de la consultation publique, menée du 28 juillet au 25 août 2023, et du comité de gestion du parc naturel de la mer de Corail réuni à quatre occasions pendant la période de préparation. Conçu dans le respect des engagements nationaux et internationaux, il résulte de la recherche d’un équilibre entre la préservation des enjeux écologiques, réclamée par la société civile et la communauté scientifique, et la minimisation des impacts sur les activités économiques. Ainsi le Parc parvient à maintenir l’équilibre recherché entre conservation et usages responsables.

 

Ce projet vient également compléter la protection des fonds marins voulue par le gouvernement dans le cadre du projet de loi de pays portant moratoire sur l’exploration et l’exploitation des ressources minérales, texte qui sera examiné prochainement par le congrès de la Nouvelle-Calédonie.

 

Un bilan des effets éventuels observables résultant de la création des réserves par l’arrêté devra être réalisé annuellement par le service du parc naturel de la mer de Corail et de la pêche, puis présenté au comité de gestion du Parc. Son impact sur la biodiversité et les usages, notamment la pêche hauturière, seront au cœur des préoccupations.

Les termes de référence et les méthodologies mises en œuvre pour la réalisation de ce bilan seront définis en concertation avec le comité scientifique et le comité de gestion du Parc.

 

Des sanctuaires à préserver

 

Créée en 2014, cette vaste aire marine protégée abrite des écosystèmes exceptionnels (récifs coralliens, îles coralliennes, îles hautes, monts sous-marins, fosse océanique, milieux pélagiques…), des formations géologiques remarquables comme les îles Matthew et Hunter, mais également un patrimoine historique et archéologique notable, ainsi qu’une faune riche et diversifiée, incluant d’importantes ressources halieutiques.

 

En cohérence avec les objectifs du plan de gestion du Parc, les nouvelles réserves permettent de protéger des écosystèmes qui ne l’étaient pas jusqu’à présent, tels que certains monts sous-marins (ride de Norfolk, banc Capel), la fosse océanique des Nouvelles-Hébrides, les îles hautes (Walpole) et leurs populations d’oiseaux marins, ainsi que des zones importantes de nourrissage d’oiseaux nicheurs situées aux limites nord et sud du parc. C’est notamment le cas de la réserve « Sud bassin de Fairway » qui permet en outre de constituer une amorce pour la création d’une aire marine protégée en haute mer, comme le prévoit le traité international pour la protection de la haute mer et de la biodiversité marine (BBNJ), signé par plus de 80 États, dont la France. Quant à la réserve naturelle de la ride de Norfolk, elle prolonge le parc marin australien de Norfolk, de catégorie II, permettant ainsi de protéger un vaste corridor écologique emprunté par la mégafaune, notamment les mammifères marins, sur plus de 600 kilomètres de distance.

 

Avec ces nouvelles réserves, la Nouvelle-Calédonie endosse un rôle moteur dans la dynamique régionale pour la protection de l’environnement marin, à la veille des célébrations marquant les 10 ans de la création du parc de la mer de Corail.

 

⇒ Voir l'arrêté en bas de page dans l'onglet "Document".

 

L’appellation de la réserve naturelle « La Monique – Île de Walpole » est un geste de mémoire en cette année qui marque les 70 ans de la disparition du caboteur. Cliché Eyefly Pacifique.

L’appellation de la réserve naturelle « La Monique – Île de Walpole » est un geste de mémoire en cette année qui marque les 70 ans de la disparition du caboteur. Cliché : Eyefly Pacifique.

 

Quelles différences entre réserve « naturelle » et « intégrale » ?

 

Les nouvelles réserves appartiennent aux deux statuts prévus par la loi du pays n° 2022-1 du 12 janvier 2022 relative à la protection des aires marines de la Nouvelle-Calédonie, c’est-à-dire des « réserves naturelles » dont l’accès est soumis à autorisation et des « réserves intégrales » dont l’accès est interdit, sauf pour y mener, sous dérogation, des activités scientifiques ou de suivi de l’état de santé des écosystèmes.

L’arrêté qui entre en vigueur en 2024 fixe les limites géographiques (latitude et longitude) de chacune des réserves ; les objectifs de la préservation ; le domaine de la réserve (les réserves naturelles comprennent, dans leurs limites géographiques, les eaux surjacentes aux fonds marins, les fonds marins et leur sous-sol jusqu'à une profondeur de 1000 mètres sous le fond, ainsi que les terres émergées) ; les interdictions ; les conditions d’accès ; les dérogations et les autres dispositions. (Voir les détails en encadré.)

 

LES RÉSERVES NATURELLES

Les objectifs des réserves naturelles sont la protection des processus écologiques de grande échelle, la conservation d’espèces occupant de grands espaces, ainsi que la conservation des voies migratoires et des zones de nourrissage, tout en permettant un accès maîtrisé, des activités récréatives non extractives et la conduite de recherches scientifiques.

Sous réserve des droits reconnus aux États étrangers par les conventions internationales, tout accès est soumis à une autorisation du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie dans les conditions fixées à l'article 8 de la loi du pays n°2022-1 du 12 janvier 2022.

 

Ce qui est interdit dans les réserves naturelles :

Les actes de nature à nuire ou à apporter des perturbations à la faune, à la flore ou aux habitats naturels, notamment :

  • troubler ou déranger volontairement des animaux, par quelque moyen que ce soit ;
  • tout type de pêche ou de chasse ;
  • toute activité à titre gratuit ou onéreux, basée sur l’observation des mammifères marins, communément appelée « whale watching », est interdite à l’intérieur des réserves naturelles ;
  • toute activité liée à une collecte ou un prélèvement de faune, flore, minéraux, fossiles ou vestiges archéologiques ;
  • porter atteinte, détenir ou transporter, de quelque manière que ce soit, des animaux non domestiques, des végétaux non cultivés quel que soit leur stade de développement ou des parties de ceux-ci, des minéraux, des fossiles ou vestiges archéologiques ;
  • toute introduction d'espèces animales ou végétales ;
  • tout nourrissage d’animaux terrestres ou marins ;
  • tout abandon, dépôt, jet, déversement ou rejet de nature à nuire à la qualité de l’eau, du sol, de l’air ou du site ou à l’intégrité de la faune ou de la flore ;
  • l’introduction et l’usage de drones sous-marins ou aériens ;
  • tous travaux tendant à modifier l'aspect du site, à l'exception des travaux d'entretien normal ;
  • tout feu en dehors de ceux cantonnés dans les emplacements destinés à cet effet ;
  • tout signe, inscription ou dessin sur des pierres, vestiges archéologiques, arbres ou tout autre bien meuble ou immeuble ;
  • le camping ou le bivouac.

Dérogations :

  • la réalisation de travaux de recherche scientifique ;
  • la préparation, conduite et suivi d’opérations de contrôle, régulation ou éradication d’espèces envahissantes ou nuisibles ;
  • la réalisation d’opération de restauration écologique ;
  • la construction d’abris et refuges légers et démontable;
  • la vérification, la surveillance, l’entretien, la mise en place ou le remplacement d’infrastructures nécessaires à la sécurité de navigation (phares, balises…), ou d’infrastructures de communication (antennes, câbles sous-marins, etc.).

 

LES RÉSERVES INTÉGRALES

Les objectifs des réserves intégrales sont :

  • la conservation des écosystèmes exceptionnels, des espèces et groupes d’espèces qu’ils abritent, ainsi que de la géo-diversité des habitats naturels suivants :

    • les récifs coralliens isolés qualifiés de “sites vierges” parmi les plus riches de la planète en termes de biodiversité et de biomasse en poissons de récifs, ainsi que leurs lagons fréquentés par plusieurs espèces de mammifères marins ;

    • les îles éloignées, les îlots coralliens, les cayes qui constituent d’importantes zones de ponte des tortues marines et de nidification des oiseaux marins ;

    • les monts sous-marins et les îles volcaniques éloignées ;

  • l’amélioration des connaissances par la réalisation d’études scientifiques menées avec circonspection ;

  • la prise en compte de la vision culturelle kanak de l'océan et de sa protection, en particulier pour ce qui concerne les monts sous-marins qui constituent, selon ces valeurs, un monde de silence, de tranquillité et de paix où reposent les âmes et les esprits du monde kanak, qui doit être respecté. Ces monts sous-marins sont considérés comme la continuité des montagnes qui se trouvent à la surface et forment un tout, dans une conception holistique de la nature.

Ce qui est interdit dans les réserves intégrales :

  • l’accès aux réserves ;
  • l’ensemble des actes, travaux et activités listées pour les réserves naturelles.

Dérogations :

  • l’accès peut être autorisé pour la conduite d’activités de recherche scientifique, ainsi que pour les activités de surveillance, suivi environnemental, gestion ou conservation du patrimoine naturel ou culturel.
  • Les prélèvements de faune, flore, minéraux, fossiles ou vestiges historiques ou archéologiques ne peuvent être autorisés qu’à des fins scientifiques, à condition que ces  prélèvements ne puissent être réalisés dans un autre lieu que la réserve intégrale et que les quantités prélevées soient réduites aux quantités strictement nécessaires à l’atteinte de l’objectif scientifique.

Documents

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