Un arrêté pour le plan de gestion

20 mars 2018

environnement

Les récifs Chesterfield-Bellona s’étendent sur 23 000 km2, une superficie plus vaste que la Grande-Terre et les Loyauté réunies ! © Laurent Vigliola/IRD

Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a adopté lundi 19 mars un arrêté validant le plan de gestion 2018-2022 du Parc naturel de la mer de Corail. Dès à présent, les récifs pristines de Chesterfield-Bellona et Pétrie-Astrolabe vont être classés en réserves. Et la réglementation renforcée afin de protéger un patrimoine d’une richesse exceptionnelle.

Le 5e comité de gestion du Parc naturel de la mer de Corail s’est déroulé le 28 février dernier. À cette occasion, les 32 membres représentant les institutions, associations environnementales et ONG, aires coutumières et professionnels du secteur maritime ont validé un plan de gestion du parc intégrant les propositions recueillies lors de la consultation du grand public en 2017. Un vote qui a recueilli un très large consensus de l’ensemble des acteurs (une voix contre et une abstention seulement). Après avis favorable de la commission des ressources marines et du comité consultatif de l’environnement, le comité de gestion a ensuite transmis ce plan de gestion au gouvernement qui vient de le concrétiser par un arrêté.

La phase de concertation élargie consacrée à la rédaction de ce plan est désormais arrivée à son terme, marquant ainsi l’aboutissement de deux années de travail. Document stratégique, le plan de gestion servira de cadre global jusqu’en 2022. Il permettra à la Nouvelle-Calédonie de protéger ses richesses et ses ressources exceptionnelles, tout en favorisant le développement de nouvelles activités scientifiques et techniques.

Rappelons que le Parc naturel de la mer de Corail est une aire marine protégée d’1,3 million de km2, la plus vaste de France et la deuxième plus vaste au monde après Hawaii. Elle recense plus de 2 000 espèces de poissons, 310 espèces de coraux, environ 150 monts sous-marins et plus d’un tiers des récifs vierges de la planète.

Les derniers récifs de la planète vierges d’impacts humains

Tous nos récifs et lagons isolés, dits « pristines », seront protégés par une réglementation limitant les impacts de l’homme sur les écosystèmes, et ce dès 2018 selon le vœu du président Germain très engagé sur ce dossier. Ces régions océaniques isolées abritent en effet des familles d'espèces et des habitats d’une exceptionnelle richesse qui en font les derniers récifs de la planète quasi vierges d’impacts humains.

Première action prévue, le classement en réserve de Chesterfield-Bellona. Lieu de prédilection pour la ponte des tortues vertes et la nidification des oiseaux marins, après les récifs d’Entrecasteaux, Chesterfield-Bellona est situé à mi-chemin entre l’Australie et la Grande-Terre. L’écriture d’un plan d’actions dédié se prépare depuis plusieurs années à travers des missions scientifiques et des suivis terrestres organisés depuis 2012 par le service de la pêche et de l’environnement marin de la direction des Affaires maritimes. Cet espace présente à lui seul une superficie d’environ 23 000 km2, plus grande que la Grande-Terre et les Loyauté réunies !

La deuxième action vise à classer en réserve Pétrie et Astrolabe, des atolls qui s'étirent du nord-est de la Grande-Terre au nord des Loyauté et qui, selon l’étude Pristine de l’IRD, détiennent le nouveau record mondial de biomasse en poissons de récif.

Encadrer la fréquentation humaine et touristique

L’autre axe de travail à court terme validé par le plan de gestion concerne la maîtrise de l’activité de croisière, à travers là aussi des textes encadrant le tourisme professionnel dans l’ensemble du parc et favorisant le développement d’usages durables et responsables. En effet, aucune réglementation n’encadre aujourd’hui les activités touristiques dans le parc (à l’image des croisières de luxe organisées par la compagnie Le Ponant), en dehors de la réserve naturelle des atolls d’Entrecasteaux. Les membres du comité de gestion souhaitent donc combler ce vide juridique, en réfléchissant à des mesures de protection renforcée, et un encadrement de la fréquentation humaine.

 

Les Calédoniens ont eu la parole

Organisée au mois de février 2017 sur les trois provinces, l’opération de démarche participative « Les Calédoniens ont la parole » a donné l’occasion à l’ensemble de la population de s’exprimer librement par le biais d’un questionnaire qui portait sur le projet de plan de gestion. Chacun a pu participer à l’une des 19 rencontres publiques programmées dans 17 communes  (en photo : la tribu de Koulnoué, à Hienghène). Au total,  250 personnes se sont déplacées et 247 questionnaires ont été retournés, 150 par internet et 97 remis en main propre. Plus de la moitié des questionnaires contenaient des remarques ou des propositions d’actions concrètes qui ont permis d’enrichir les débats.

58,9 % des personnes se sont déclarées favorables au plan de gestion (8,5 % défavorables) et quatre sous-objectifs du projet de plan de gestion ont été jugés prioritaires : sanctuariser les récifs isolés, limiter les impacts directs de l’homme sur une partie significative des écosystèmes, protéger les habitats clés indispensables au cycle de vie de ces espèces, et organiser une surveillance et un suivi opérationnels et efficients.

Une des deux réunions publiques organisées à la tribu de Koulnoué à Hienghène ©DAM SPE