Pêche thonière : une collaboration plus étroite avec l'agence des pêches du forum

24 juillet 2024

Pêche Évènement

La signature de ce protocole d’accord (MOU) par le président Mapou (à droite) et la directrice générale de la FFA, s’est effectuée en visio-conférence, en présence de Boris Ajapuhnya (à gauche), chef de cabinet d’Adolphe Digoué, chargé de la pêche et de M

La signature de ce protocole d’accord (MOU) par le président Mapou (à droite) et la directrice générale de la FFA, s’est effectuée en visio-conférence, en présence de Boris Ajapuhnya (à gauche), chef de cabinet d’Adolphe Digoué, chargé de la pêche et de M

Louis Mapou, président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, et Manumatavai Tupou-Roosen, directrice générale de l’agence des pêches du Forum des îles du Pacifique ont signé, le 24 juillet 2024, un protocole d’accord concernant la pêche thonière. Cette entente consolide la position de la Nouvelle-Calédonie en matière de gestion régionale du thon et de préservation des ressources marines.

La 23e réunion ministérielle annuelle du comité des pêches du Forum des îles du Pacifique et la cinquième réunion régionale des ministres des pêches se tenaient à Honiara, aux îles Salomon, les 23 et 24 juillet dernier.

La Nouvelle-Calédonie qui dispose, depuis 1999, du statut d'observateur au sein de l’agence des pêches du Forum du Pacifique (FFA, Pacific Islands Forum Fisheries Agency) y participait, à distance. Si le statut d’observateur lui permet d'être informée des principaux travaux conduits par l’agence et d'entretenir de bonnes relations de collaboration, il ne permet pas de peser sur les négociations internes. Or depuis plus de cinq ans, les discussions sur la gestion du thon blanc vont bon train au sein de la commission thonière régionale (WCPFC[1], Western and Central Pacific Fisheries Commission). Leur impact n’est pas sans conséquence : de potentielles mesures de gestion contraignantes, notamment en matière de définition de quotas, pourraient avoir un impact sur la filière calédonienne. 

Un enjeu stratégique

C’est à l’origine pour mieux faire entendre leur voix au sein de la WCPFC, que les États côtiers du Pacifique se sont unis au sein de l’agence des pêches du Forum (FFA). Cette dernière intervient principalement dans la gestion durable des stocks, la surveillance des pêches, le développement des compétences au sein des États côtiers, ainsi que la valorisation des productions. Autant de sujets d’importance à l’heure où les États insulaires redoutent la surpêche, le réchauffement climatique et la montée des eaux.

La FFA, qui dispose d'un nombre de voix important et couvre une superficie considérable, défend le concept d'une gestion du stock de thon par les États côtiers, à leur principal bénéfice, et en majorité dans leurs ZÉE. C’est le concept du ZBM, zone based management. N'étant pas membre de la FFA, il est difficile à la Nouvelle-Calédonie de peser dans les négociations et d'en tirer le meilleur parti.

Dans le même temps, les grands États pêcheurs de la WCPFC - Chine, Taïwan, Corée, Europe, États-Unis d’Amérique... - défendent la règle de la répartition des quotas selon les données de capture historiques et sans distinction de zone de pêche. Une position qui pourrait s’avérer défavorable à la Nouvelle-Calédonie. 

Ce constat établi, une future adhésion pleine et entière de la Nouvelle-Calédonie à la FFA doit néanmoins être envisagée avec prudence, et sur la base d'une connaissance fine des droits et obligations que cela entraînerait.

Pas à pas

Le pôle Pêche du service du parc de la mer de Corail et de la pêche qui représente la Nouvelle-Calédonie dans ces instances a donc proposé une méthode visant à renforcer les liens entre la Nouvelle-Calédonie et la FFA, afin d'appréhender au mieux son mode de fonctionnement et de collaborer plus étroitement sur les sujets d'intérêt partagés.

C’est l’esprit de ce protocole d’accord (MOU, memorandum of understanding), qui n'a pas vocation à être contraignant : il prévoit à titre principal de renforcer la coopération et la collaboration dans certains domaines, sans toutefois s'y limiter. Il y est avant tout question de l'économie de l'industrie thonière, des impacts du changement climatique sur les pêcheries, de la gestion du thon germon du Pacifique Sud, de la gestion et la réduction des captures accessoires, des observateurs des pêches et de la problématique des DCP dérivants abandonnés...

 

[1] La WCPFC a été créée par la Convention pour la conservation et la gestion des stocks de grands poissons migrateurs (notamment le thon) du Pacifique occidental et central, entrée en vigueur le 19 juin 2004.