“Si on blesse l'environnement, on se blesse soi-même”
06 avril 2022
Chez les kanaks, les espèces d'importance culturelle possèdent des valeurs totémiques, nourricières et spirituelles. Autour de ces trois piliers, s'articulent une approche et des valeurs issues d’une civilisation de plus de 3 000 ans.
“Une compréhension large et partagée du lien qui uni les kanaks à l’océan et à la terre est essentielle pour l’élaboration consensuelle des mesures efficaces de protection”, affirme Jean-Yves Poédi, membre du bureau du conseil coutumier Ajië Aro et du comité de gestion du parc naturel de la mer de Corail.
Son objectif est de transmettre et valoriser cette approche culturelle kanak, socle commun dans les cérémonies coutumières matérielles et immatérielles. Sa responsabilité, pour une protection efficace, est d'encourager chacune des huit aires à s’impliquer en tant que membre actif du comité de gestion du parc naturel de la mer de Corail.
“Quand on demande à un ancien pourquoi un récif est interdit d'accès, il nous répond souvent par une question. De la même façon, les métaphores que l'on utilise sont une façon de nous amener à réfléchir pour aboutir à une vision globale qui prend en compte toutes les espèces qui dépendent les unes des autres”, explique l'homme originaire de Houaïlou.
Qu'elles soient totémiques, nourricières et,ou spirituelles, les espèces d'importance culturelle forment les piliers de la culture kanak. “Lorsque l’on choisit de les protéger, on protège aussi l'environnement autour”, poursuit Jean-Yves Poédi.
“Selon cette approche, nous sommes kaori, nous sommes serpents, nous sommes requins. Si on blesse l'environnement, on se blesse soi-même. Notre rapport à l'environnement n'est, du coup, plus le même”, souligne celui qui intervient régulièrement auprès des sénateurs coutumiers.