Projet ReCoVer : une mission scientifique sur les coraux
13 juillet 2023
Le 21 juin dernier, une équipe de recherche de l’IRD, du CNRS et de l’Université de la Nouvelle-Calédonie s’est rendue aux atolls éloignés des Chesterfield et de Bellona, à l’extrême ouest du parc, pour une campagne scientifique de neuf jours qui s’inscrit dans le cadre du projet « ReCoVer ».
L’objectif de cette mission est clair : mieux comprendre les capacités d’adaptation des coraux à la chaleur, dans un contexte où le réchauffement climatique risque de faire disparaître les coraux tropicaux d’ici 2050.
Cette mission a été menée avec le précieux soutien des forces armées de la Nouvelle-Calédonie, puisque les scientifiques ont embarqué à bord du navire de la Marine nationale le D’Entrecasteaux en mission de surveillance dans les eaux territoriales. Pour l’occasion, un laboratoire d’analyses biologiques a même été aménagé sur le pont du navire, grâce à l’expertise de l’Aquarium des Lagons.
Pendant leur séjour au cœur des récifs éloignés, les scientifiques ont prélevé de petits fragments de deux espèces de coraux. Véronique Berteaux-Lecellier, généticienne du CNRS basée à l’IRD de Nouméa et coordonnatrice de la mission nous explique : « À partir des morceaux de coraux, nous réalisons des extractions d’ADN et nous recherchons méticuleusement des marqueurs génétiques de résistance naturelle à la chaleur. L’idée est ensuite d’élaborer, à l’échelle du parc et celle de la région, une carte de distribution géographique des récifs coralliens résistants à la chaleur et ainsi, appréhender le potentiel adaptatif des coraux calédoniens ».
Le corail à la loupe
Pour mener à bien ces recherches complexes, les scientifiques ont réalisé des prélèvements sur différents sites, soigneusement sélectionnés pour leur environnement contrasté : température de l’eau, turbidité, concentration en chlorophylle, etc. De plus, des échantillons d’eau ont été prélevés pour étudier les paramètres physico-chimiques du milieu et l’ADN en suspension, appelé aussi ADN environnemental. Ces précieuses données permettent d’étudier finement le milieu de vie dans lequel évoluent ces coraux.
Il est important de rappeler que les vagues de chaleur extrême sont la principale cause de mortalité des coraux et que, jusqu’à présent, les coraux calédoniens ont mieux résisté à ces canicules que ceux d’ailleurs, notamment en Australie. En effet, lors des canicules de 2022, les membres du réseau d’observation des récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie, qui surveillent chaque année une centaine de récifs en bordure de la Grande Terre et des îles Loyauté, ont constaté des blanchissements coralliens sur quelques espèces coralliennes, tandis que la Grande barrière de Corail australienne subissait blanchissement massif touchant 91 % de sa surface.
Comprendre le processus d’adaptation des coraux
Le projet ReCoVer qui signifie « Renforcer la conservation récifale dans le Pacifique Sud via l’identification de coraux adaptés au stress thermique » est un projet au sein duquel sont menées actuellement deux thèses. Il est aussi le fruit d’une fructueuse collaboration internationale entre la Nouvelle-Calédonie (IRD, UNC, CNRS), l’Australie (AIMS-JCU) et la Suisse (EPFL).
Au delà d’établir une cartographie fort utile des récifs calédoniens résistants à la chaleur, ce consortium de scientifiques cherche à comprendre les liens « invisibles » qui se tissent entre les grandes zones récifales de notre région telles que celles du lagon ouest de la Grande Terre, d’Entrecasteaux, de Chesterfields et Bellona et de la Grande barrière de Corail grâce au courant équatorial. Ce courant transporte d’est en ouest d’importantes masses océaniques, parfois chaudes, parfois fraiches, ainsi que des nutriments et des larves coralliennes.
Ces recherches sont cruciales pour mieux appréhender les mécanismes d’adaptation des coraux face au changement climatique et développer des stratégies de protection et conservation efficaces au sein de notre parc naturel exceptionnel.
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