Les navires de pêche sous l’œil d’observateurs attentifs - Rencontre avec François Prioul, en charge du programme observateurs des pêches de Nouvelle-Calédonie
17 December 2021
Une vingtaine de navires de pêche à la palangre sillonnent toute l’année le parc naturel de la mer de Corail pour ravitailler les calédoniens en thon blanc, marlin, tazar du large et autres poissons grandement appréciés sur le territoire. Les pêcheurs ne sont pas toujours seuls à bord, il arrive que des observateurs soient également présents afin de collecter des données et procéder au suivi de l’activité.
Sur les navires de pêche, le réveil est matinal : à 3 heures, tout le monde est debout. 50 kilomètres de lignes sont alors mises à l’eau, uniquement des hameçons, puisque seule la pêche palangrière est autorisée dans la ZEE de Nouvelle-Calédonie. Les observateurs consignent tous les paramètres, le nombre d’hameçon, les positions de mises à l’eau etc. A partir de midi, c’est le moment de relever la ligne et les poissons capturés, pendant les huit à dix prochaines heures. Les observateurs reprennent leurs notes : numéro de l’hameçon, espèce identifiée, taille du poisson, prélèvements biologiques. Quand tout est terminé, l’équipage mange, dort et repart sur une nouvelle journée. « Une campagne dure en moyenne 13 à 14 jours avec huit coups de pêche environ », décrit François Prioul de l’Adecal Technopole, en charge du programme observateurs des pêches de Nouvelle-Calédonie. Le programme a pour objectif de suivre l’activité de pêche hauturière grâce à une équipe de trois observateurs et un coordinateur, embarqués sur les navires de pêche. A eux quatre, ils couvrent une trentaine de campagnes dans l’année, sur l’ensemble des zones de pêche, en toute saison. Le plus aguerri, présent dans le programme depuis sa création en 2001, en mène près d’une quinzaine par an !
La taille des thons pêchés reste constante
« Ce programme s’inscrit dans une collecte de données régionale, à l’échelle du Pacifique Ouest et Central, pour la commission régionale des pêches thonières (WCPFC). Cette commission établit ensuite les règles de gestion de la ressource et de l’activité. En tant que territoire participant à la WCPFC, la Nouvelle-Calédonie se doit de couvrir au moins 5% des campagnes effectuées par les 17 bateaux calédoniens de la filière. Nous avons l’objectif d’en couvrir 10% », affirme-t-il. Le programme a ainsi pu mettre en avant plusieurs informations. « Nous suivons la taille des trois espèces de thon pêchées. Depuis 20 ans, elle varie extrêmement peu autour d’une moyenne définie. Cela signifie qu’il n’y a pas eu de décrochage. Quand la taille des poissons diminue, c’est une alerte. Il est alors nécessaire d’en identifier les causes : changement dans les zones de pêches, changement de comportement migratoire des poissons ou une capture exagérée des plus gros individus, etc», explique François Prioul. Une bonne nouvelle ! Il note également que les bonnes pratiques semblent respectées à bord des navires. « Les équipages sont formés et savent quel protocole adopter quand ils capturent une espèce emblématique, comme une tortue, et qu’il faut la remettre à l’eau », décrit-il. Un événement plutôt rare.