"La science dans le Parc" : la migration des tortues et la résistance des coraux au programme
13 November 2023
Le cinquième séminaire « La science dans le parc » organisé par SPNMCP s’est tenu le jeudi 2 novembre dernier. Il a rassemblé un public fort varié: membres du comité de gestion, scientifiques, agents du service du Parc et documentaristes, en présence du membre du gouvernement en charge du parc naturel de la mer de Corail, Jérémie Katidjo-Monnier
Dédié aux tortues et aux coraux, ce cinquième séminaire a été, une nouvelle fois, l’occasion de discussions fructueuses et d’échanges animés autour des résultats et avancées de deux programmes scientifiques passionnants.
Marc Oremus, responsable de l’antenne du WWF en Nouvelle-Calédonie, a capté l’attention de toutes et tous en présentant les résultats de l’ambitieux programme SAT-NC axé sur les déplacements de la tortue verte et de la tortue "grosse tête", deux espèces menacées, emblématiques du Parc et présentes dans tout le Pacifique Sud.
Suivre les tortues voyageuses
« Nous avons équipé 80 tortues femelles de balises satellites lorsqu’elles sont venues pondre sur six espaces côtiers de la Nouvelle-Calédonie, à d’Entrecasteaux, aux Chesterfield, à la Roche percée à Bourail, à Poum et à Beautemps-Beaupré à Ouvéa » a expliqué Marc Oremus, au cours de sa présentation. « Notre objectif était d’identifier leurs principales routes migratoires et zones d’alimentation à l’âge adulte. Ce programme a commencé en 2017 et s’est terminé en 2023, chaque balise émettant des données pendant environ quatre mois. Après de longs mois d’analyse, nous avons pu cartographier les itinéraires des tortues et les résultats nous ont surpris ! Ainsi 30 % des tortues nées en Nouvelle-Calédonie passent toute leur vie adulte dans nos eaux (elles s’y nourrissent et s’y reproduisent). Mais il existe aussi de grandes routes migratoires vers la côte est de l’Australie, vers les îles Fidji et la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Cela sous-entend que les efforts de protection de ces espèces doivent dépasser nos frontières et nécessitent que les gestionnaires du Pacifique Sud coordonnent leurs efforts. Nous nous attelons désormais à cette tâche avec détermination ! »
Identifier les coraux résistants
Véronique Berteaux-Lecellier, chargée de recherche au CNRS et au sein de l’UMR Entropie a ensuite pris la parole pour présenter le programme Recover qui s’intéresse à la génomique des coraux.
« Les coraux sont constitués d’une multitude d’individus, chacun ayant sa propre spécificité génétique. Quand l’environnement subit d’importants changements, par exemple lors des fortes canicules marines, certaines colonies coralliennes sont naturellement plus adaptées et résistent mieux que d’autres. Elles ne blanchissent pas, tout simplement, et ceci est lié à des spécificités de leur patrimoine génétique », a précisé la scientifique. « Dans un contexte de changement climatique où la température de l’eau ne cesse d’augmenter, nous utilisons ces marqueurs génétiques pour identifier les coraux naturellement résistants aux conditions environnementales stressantes et en étudions leur dispersion. Notre objectif est de cartographier les récifs calédoniens, afin de savoir où se trouvent les récifs qui ont le plus fort potentiel de résistance et qui pourraient constituer de précieux réservoirs pour la préservation des coraux. »
Le comité de gestion du parc naturel de la mer de Corail est convié au prochain séminaire « La science dans le parc », le 22 novembre 2023. Ces évènements visent à renforcer nos capacités de compréhension des écosystèmes du parc et stimuler la collaboration entre les scientifiques et les gestionnaires.