« Tout l’espace qui n’est pas immergé est occupé par les oiseaux »

30 décembre 2021

Recherche

fb_coris_recherche_scientifique.png

Les îlots du parc naturel de la mer de Corail ne sont morphologiquement pas  très différents de ceux que l’on trouve aux abords de la Grande Terre.  Une différence majeure tient dans la présence de milliers d’oiseaux, à des concentrations exceptionnelles. Ils sont attirés par le caractère isolé et peu fréquenté de ces sites qui leur permet de ne pas être dérangés par l’homme. Le programme Coris les recense et évalue leur calendrier de reproduction. Complémentaire à ces recherches, le programme Fear Factor s’intéresse également aux réactions des oiseaux face à la présence humaine.

Sur les îles et les îlots du parc naturel de la mer de Corail se retrouvent des milliers d'oiseaux. Un véritable cortège d’espèces dont certaines, des frégates et des fous par exemple, sont invisibles sur les îlots proches de la Grande Terre, trop fréquentés. « Tout l’espace qui n’est pas immergé par les vagues est occupé. Ce sont des concentrations d’oiseaux phénoménales », note Eric Vidal, chercheur en écologie à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) de Nouméa. Il pilote un programme, nommé Coris, dont l’un des objectifs est d’aider le parc naturel de la mer de Corail à bâtir une stratégie de suivi des populations d’oiseaux. Dans le cadre de ce programme, deux missions aux Chesterfield, une à Walpole et deux à Entrecasteaux ont eu lieu. D’autres sont prévues pour compléter les observations. Au cours de ces missions, les scientifiques recensent les populations et étudient leur calendrier de reproduction. Et ils font des découvertes insoupçonnées ! « Nous avons observé, durant l’hiver austral, de nombreux oiseaux en période de reproduction, avec des œufs et des poussins, presque plus nombreux que durant la période habituelle (janvier). C’est étonnant ! Cela signifie que ces sites ont des valeurs encore plus importantes pour les populations d’oiseaux marins, ils hébergent plus de couples qu’on ne le pensait », décrit le chercheur. 

 

Dérange-t-on les oiseaux ? 

Après avoir été exploités au XIXème siècle, ces îlots, loin d’être intacts, sont aujourd’hui rarement visités et abritent désormais une biodiversité exceptionnelle, protégée par cet isolement. « Ces conditions sont très difficiles à trouver pour les oiseaux marins, c’est donc une vraie responsabilité pour le Parc de gérer ces populations et une vraie opportunité scientifique pour nous, les chercheurs », précise Eric Vidal. Il mène ainsi un second programme, Fear Factor, pour étudier les réactions des oiseaux lorsqu’on les dérange. « Nous évaluons le nombre d’oiseaux qui s’envolent quand un groupe de personnes débarque, lors des missions de suivi ,  les distances à laquelle ils s’envolent, jusqu’à quelle distance les oiseaux sont perturbés, le temps qu’il faut pour que la colonie retrouve du calme », cite l’écologue.  Les îlots du parc, naturellement protégés de la fréquentation humaine constituent un refuge pour ces colonies d’oiseaux dont certaines sont classées “vulnérables”. Ils sont aussi un lieu d’étude privilégié pour comprendre les mécanismes de dérangement et définir les règles de conduite à mettre en œuvre pour préserver la quiétude de ces animaux, essentielle à leur conservation.