10 ans du Parc : un anniversaire sous le signe des arts

23 avril 2024

Évènement

Les membres du comité de gestion du Parc se sont adressés à une large assemblée composée de représentants du monde associatif, scientifique, économique, environnemental et des autorités militaires et institutionnelles.

Les membres du comité de gestion du Parc se sont adressés à une large assemblée composée de représentants du monde associatif, scientifique, économique, environnemental et des autorités militaires et institutionnelles.

Le parc de la mer de Corail célébrait le mardi 23 avril 2024 les dix ans de sa création. À cette occasion, de nombreux acteurs et partenaires du Parc étaient réunis aux côtés des membres du gouvernement, pour une grande soirée de célébration au centre culturel Tjibaou. La remise des prix du concours artistique organisé pour marquer l’évènement a placé cette célébration sous la bannière des arts et de la sensibilité.

« C’est anniversaire est le vôtre : dix ans, c’est peu, mais c’est assez long à l’échelle de notre histoire institutionnelle, c’est la moitié de l’Accord de Nouméa et la preuve que l’on est capables de tenir de grands projets sur le temps long » s’est enthousiasmé Jérémie Katidjo Monnier, membre du gouvernement chargé de l’environnement et co-président du comité de gestion du Parc, en s’adressant à une large assemblée composée de représentants du monde associatif, scientifique, économique, environnemental et des autorités militaires et institutionnelles. Parmi eux : Véronique Roger-Lacan, ambassadrice de France pour le Pacifique et Louis Mapou, président du gouvernement. La soirée a été l’occasion de rappeler le long chemin parcouru depuis que le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a porté cette ambition de protéger l’ensemble de la zone économique exclusive de la Nouvelle-Calédonie - « 1,3 million de km, soit deux fois la superficie de la France hexagonale ! » - et de l’inscrire dans un parc naturel, le 23 avril 2014. Tout en rendant hommage aux membres qui ont veillé avant lui aux destinées du Parc - Anthony Lecren, Didier Poidyaliwane, Philippe Germain, Joseph Manauté -, Jérémie Katidjo-Monnier a rappelé que de grands défis restaient à relever, comme le projet de moratoire sur les fonds marins, actuellement en examen au congrès.

Jérémie Katidjo Monnier

Un espace précieux pour l’État

« 10 ans, c’est un marqueur, c’est un départ, mais c’est un bon départ ! » Louis Le Franc, haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie et coprésident du parc naturel de la mer de Corail, a rappelé l’engagement de l’État qui « apporte son soutien humain, scientifique avec ses organismes de recherche comme l’IRD et l’Ifremer auxquels nous devons beaucoup », mais également financier par le biais des contrats de développement (2 millions d’euros jusqu’en 2023), et humain, par le biais de l’Office français de la biodiversité. « La puissance et la capacité de la marine nationale contribue, en outre, à la surveillance de cet espace marin qu’il faut protéger. Espace précieux pour les Calédoniens et précieux pour la France. »

Un symbole culturel

Avant la cérémonie, les invités ont pu découvrir les œuvres participant au grand concours artistique organisé pour la célébration des dix ans et dont une sélection devait être exposée à Honolulu, en juin, au festival des arts et cultures du Pacifique-Hawaï 2024 (NDR : participation annulée après les évènement de mai en Nouvelle-Calédonie). Mickaël Forrest, membre du gouvernement chargé de la culture, a remercié les artistes qui ont bien voulu répondre à cet appel à projet : « Pour l’ensemble des communautés du Pacifique, la culture, l’environnement et la mer ne font qu’un. C’était important que la diversité culturelle et artistique soit représentée à travers les dix ans du Parc. » Celui-ci a rappelé que la Nouvelle-Calédonie doit accueillir le prochain festival, en 2028, et qu’il était important de « faire en sorte que la « Stratégie 2050 pour le Continent Bleu du Pacifique[1] » puisse trouver une déclinaison complète pour l’ensemble des habitants de notre territoire. »

La dimension holistique de l’Océan, a été également soulignée par le sénateur coutumier Yvon Kona, représentant le collège coutumier du comité de gestion : « Si aujourd’hui nous bénéficions d’une biodiversité exceptionnelle, c’est parce que cet espace marin a su produire en son sein des mécanismes pour se défendre. À partir du moment où nous les humains avons mis le doigt dans cet engrenage, il a commencé à dysfonctionner. Aujourd’hui nous devons trouver des solutions aux problèmes que nous même avons causés. »

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Entre préservation et usages

Chargé d’effectuer une présentation du Parc, Manuel Ducrocq, chef du service du parc naturel de la mer de Corail et de la pêche a rappelé le long chemin depuis la phase de l’inscription des lagons au patrimoine de l’UNESCO et la prise de conscience qui en a découlé. « Il n’était pas envisageable de créer une aire marine protégée et de le mettre sous cloche en en excluant tous les usages : c’est le défi que c’est lancé la Nouvelle-Calédonie : concilier préservation et usages, c’est l’âme du service qui en a la charge et qui en est le gardien » a-t-il souligné en rappelant que la pêche thonière au sein du Parc était une activité «  responsable et durable, encadrée, suivie et accompagnée par la  Nouvelle-Calédonie ».

L’anthropologue Catherine Sabinot, chercheuse de l’IRD qui représentait le comité scientifique en l’absence de sa présidente, Claude Payri, a clos les présentations en rappelant les ambitions du groupe d’experts : « Contribuer à la gouvernance partagée ; mettre en valeur la politique scientifique ; formuler des avis indépendants sur les projets soumis et les choix proposés ; entretenir des liens privilégiés avec la recherche du monde entier ; vulgariser les résultats scientifiques ».

Un espace de science et de patrimoine

Le Parc, véritable plateforme pour la science, fait l’objet de nombreuses recherches sur des thèmes très variés. La chercheuse a cité quelques programmes phares comme  Tic tac (dont l’ambition est de suivre les récifs coralliens dans le contexte des canicules marines), Science Obs (projet d’observatoire sous-marin profond), l’étude du patrimoine archéologique des îles éloignées…  avant de proposer un focus sur un projet de sciences humaines et sociales financée par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie qu’elle a mené : le programme dressant l’inventaire des toponymes existants dans le Parc.

La soirée s’est achevée par la remise des prix du concours artistique (voir notre encadré) dont la grande gagnante est Charlotte Mollet dont le « Cœur corallien » a touché le jury : une finesse d’exécution et une sensibilité qui traduisent parfaitement la beauté singulière de la mer de Corail et des créatures qui y vivent. La talentueuse artiste s’est montrée très émue et honorée de représenter la Nouvelle-Calédonie au festival des arts et culture du Pacifique.

[1] https://forumsec.org/2050

 

Un bilan concret et positif

Doté d’un comité de gestion consultatif qui appuie les décideurs en termes de gestion, d’un comité scientifique très impliqué, couvrant une large diversité de disciplines, et d’un socle législatif solide - la loi de pays sur les aires marines protégée et d’une série  d’arrêtés d’application -, le Parc bénéficie de nombreux atouts, comme l’a souligné Manuel Ducrocq dans sa présentation exhaustive : « L’intégralité de ses récifs fait l’objet d’une protection forte, chaque écosystème bénéficie d’une protection totale ou partielle. La vision kanak de l’Océan est prise en compte. Les espèces emblématiques sont protégées. Le Whale waching est interdit sur les monts sous-marins. Un programme de suivi des tortues et des oiseaux marins est en place. Le plan de surveillance avec le concours financier et l’expertise de l’État donne une idée précise au quotidien de la fréquentation humaine du parc avec un dispositif en cours de déploiement sur les zones à forts enjeux. Un programme de coopération est lancé, notamment avec nos voisins de Park Australia. Le patrimoine archéologique est en cours d’inventaire. Le projet de moratoire sur les grands fonds marins a été  validé par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie… (…) Le chemin parcouru dont nous n’avons pas à rougir constitue un socle construit pas à pas. »

Manuel Ducrocq, chef du service du parc naturel de la mer de Corail et de la pêche a dressé le bilan de dix années de préservation et de gestion.

De nouvelles actions ambitieuses sont en cours d’achèvement – comme le développement de certains outils de surveillance qui sera mis en place avant la fin de l’année – ou de lancement : notamment une vaste étude sur la mégafaune qui fréquente la mer de corail (baleines, grand requins blancs, oiseaux marins…) et un programme de restauration écologique qui doit être mené sur Walpole, dont les écosystèmes ont été sérieusement dégradés par l’exploitation du guano au début du XXe siècle ; ou la mise en place d’un suivi plus large, plus fréquent et si possible automatisé de l’état de santé des récifs coralliens qui est encore à l’étude.

Au programme des prochaines mois : la révision du plan de gestion échu en 2022, qui a fait l’objet d’une évaluation en 2023, et dont la mise à jour est en cours ; le renforcement de la coopération internationale avec nos voisins les plus proches : Fidji, Vanuatu, Salomon ; la définition de voies maritimes recommandées, avec le concours de l’État, qui seront destinées à éloigner le trafic maritime des récifs et zones de circulation des espèces emblématiques et  vulnérables.

L’ambition du Parc reste avant tout de « poursuivre ensemble la construction d’un modèle exemplaire de la gestion durable, responsable et éclairée d’un espace maritime encore préservé au bénéfice des générations futures ».

« Cœur corallien », l’œuvre de Charlotte Mollet remporte le concours artistique

En offrant son « Cœur corallien », Charlotte Mollet est la grande gagnante « toutes catégories »  du concours artistique (https://mer-de-corail.gouv.nc/fr/actualites/07-03-2024/un-concours-artis...)organisé pour célébrer le dixième anniversaire du parc naturel de la mer de Corail.

Les représentants du  gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et de ses partenaires, le comité organisateur de la délégation de la Nouvelle-Calédonie au FestPAC Hawaï 2024, l’association Sublimage et Atoflow ont remis leurs trophées aux différents gagnants du concours.

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[Arts graphiques]

1er prix : « Cœur corallien », Charlotte Mollet.

2e prix : « Sija në noj (Tracé des îles) », Mathieu Venon.

3e prix : « Lune, Mer(e) et Terre »,  Lucie Beauvir.

 

[Sculpture]

1er prix : « Bénitier », Baptiste Bodin.

2e prix : « Protection océanique », Melem Tiaou.

3e prix : « Sous la mer », Stéphane Hamon.

 

[Photographie]

1er prix : « Feu d’artifice », Sylvain Flory.

2e prix : « Explosion de vie », Mathieu Macias.

3e prix : « Symbiose », Amélie Favard.