[Comité consultatif] Le Parc adopte la feuille de route de son nouveau plan de gestion
03 décembre 2025
La seconde réunion du comité consultatif du parc naturel de la mer de Corail s’est tenue le vendredi 28 novembre 2025, au siège du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. À l’occasion de cette séance, les membres, dont certains fraîchement nommés, ont examiné un grand nombre de dossiers. Le comité a donné son aval à la feuille de route pour le renouvellement du plan de gestion du Parc, validée lors des ateliers collégiaux d’octobre dernier.
La grande salle de réunion du Lys rouge accueillait ce jeudi la deuxième séance du comité consultatif du Parc, coprésidée par Jérémie Katidjo-Monnier, membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie chargé du Parc, et Arnaud Lauzier, secrétaire général adjoint du haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, représentant l’État.
Les membres, rejoints par les personnalités qualifiées récemment nommées (voir encadré), ont examiné les différents dossiers à l’ordre du jour sur lesquels ils devaient rendre un avis.
Ils ont, en premier lieu, abordé l’avant-projet de loi du pays relatif à la pêche dans l’espace maritime de la Nouvelle-Calédonie. Le texte, qui fait l'objet d'une consultation publique du 6 au 27 décembre 2025, sera soumis à l’avis du comité début 2026.
Bilan des réserves : s’appuyer sur l’existant
Le comité a validé le cadre méthodologique d’évaluation des effets observables résultant de la création des nouvelles réserves, tel que cel a été prévu par l’arrêté du 18 octobre 2023. Il a été convenu de s’appuyer, à la fois sur les données biologiques déjà disponibles dans le cadre des différents suivis environnementaux opérés dans le Parc et, pour les données concernant les usages, sur celles émanant des programmes de suivi de la pêche hauturière et de surveillance du Parc (S2P), qui proposent une vaste série d’indicateurs concernant notamment le trafic maritime, la fréquentation humaine et la pêche hauturière.
Ces informations permettront de suivre les évolutions avec précision au fil des années. Cette méthodologie devra néanmoins être discutée avec les membres du conseil scientifique du Parc, lors de sa prochaine réunion.
Ajustement du conseil scientifique
Le comité consultatif s’est, par ailleurs, exprimé favorablement sur certaines améliorations formulées par le conseil scientifique : une révision du règlement intérieur concernant leur périmètre d’action et le protocole de saisine, l’intégration de nouveaux membres dans des disciplines non représentées dans le comité et un mandat d’un an au lieu de trois pour la présidence du conseil scientifique.
Des figures féminines au fonds de conservation
Le comité a validé le choix des « personnalités qualifiées » désignées pour siéger au comité de gestion du Fonds de conservation de la mer de Corail (créé par une délibération du congrès de la Nouvelle-Calédonie, le 29 avril 2025). Ces deux personnalités nommées pour trois ans, « en raison de leur indépendance et de leur connaissance de la mer de Corail », sont :
- Claude Payri, directrice de recherche à l’IRD, récemment retraitée, présidente du conseil scientifique du parc jusqu’en décembre 2024 ; et sa suppléante, Sophie Cravatte, océanographe physicienne, spécialiste de la dynamique équatoriale et de la variabilité climatique dans le Pacifique tropical, coresponsable du programme Tic Tac qui s'intéresse aux canicules marines et leurs effets sur les récifs du Parc ;
- Pascale Joannot, océanographe physicienne, ancienne directrice de l’Aquarium des lagons et des expéditions scientifiques du muséum nationale d’Histoire naturelle, désormais retraitée ; et sa suppléante Claire Garrigue, experte internationale de l’UICN concernant les cétacés et les siréniens, ancienne chargée de recherche à l’IRD, également retraitée et membre active de l’association Opération Cétacés.
Le plan de gestion du Parc sur de bons rails
Le comité a majoritairement validé le bilan des ateliers collégiaux de juillet, et s’est prononcé favorablement sur la feuille de route proposée pour le processus de renouvellement du plan de gestion. Les ateliers avaient déjà permis un consensus au sujet de la méthodologie et du calendrier très ambitieux qui doit permettre d’adopter le nouveau plan de gestion, fin 2026.
Si la proposition consiste à intégrer les exigences de la Liste verte de l’UICN (bonne gouvernance, planification, gestion et conservation) dans l’élaboration du projet, l’inscription elle-même ne constitue pas une priorité pour la majorité des membres du comité consultatif, mais, pour le moins, un niveau d’exigence à atteindre. Différents autres standards restent à considérer comme la Liste rouge des écosystèmes de l’UICN ou le processus d’espaces de libre évolution de l’UNESCO. En effet, le respect de ces référentiels, du cadre méthodologique et des outils qu’ils proposent permettront d’aligner les ambitions du Parc sur les plus hauts standards internationaux de conservation et de gestion.
Une actualité particulièrement riche
Une large part de la réunion du comité consultatif a été consacrée à des points d’information, notamment sur la pêche, l’un des principaux usages du Parc. Les membres ont été informés des arrêtés renouvelant les licences de pêche hauturière pour 2026 (une licence de moins qu’en 2024 entraînant une baisse de l’activité).
Le compte-rendu des échanges des ateliers de juillet sur l’éventuelle ouverture aux petites expéditions touristiques calédonienne dans le Parc, hors des réserves intégrales où elles sont interdites, a rouvert les débats sur le sujet. Les échanges se poursuivront dans le cadre du renouvellement du plan de gestion et des usages que les membres souhaiteront favoriser.
La séance s’est achevée par des annonces diverses et une courte présentation des avancées des grands programmes en cours : la restauration écologique de l’île de Walpole (en phase diagnostic) et le suivi de la mégafaune du Parc dont les quatre volets, oiseaux marins, mammifères marins, grands requins et tortues vertes, ont déjà fait l'objet de plusieurs misions de terrain en 2025.
Le comité consultatif devrait être réuni au tout début de la nouvelle année pour examiner de nouveaux dossiers et valider les avancées du processus de renouvellement du plan de gestion du Parc, un dossier majeur en 2026.
Cinq personnalités qualifiées rejoignent le comité consultatif
Après consultation des membres du comité consultatif du parc naturel de la mer de Corail à l’occasion de sa première séance du 20 mai 2025 et du conseil scientifique du 7 août 2025, le haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie et le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie ont désigné, par l’arrêté n° AP-2025-SG-SPNMCP-0181 du 21 novembre 2025, les personnalités qualifiées devant siéger au comité, avec voix délibératives, « au regard de leurs compétences en matière de protection et de gestion des écosystèmes, des patrimoines naturels et culturels, et des ressources marines » :
- la présidente du consortium de coopération pour la Recherche, l’Enseignement supérieur et l’Innovation en Nouvelle-Calédonie (CRESICA) ;
- la directrice de l’agence néo-calédonienne de la Biodiversité (ANCB) ;
- la déléguée territoriale Nouvelle-Calédonie de l’office français de la Biodiversité (OFB) ;
- la directrice de l’Agence de développement de la culture kanak-centre culturel Tjibaou (ADCK-CCT) ;
- le directeur de l’observatoire de l’Environnement (L’œil).
Vers plus de coopération régionale
Jérémie Katidjo-Monnier, membre du gouvernement chargé du Parc, a présenté les pistes de collaboration qui se sont dessinées récemment :
- avec la Polynésie française :
- déclaration commune du 13 décembre 2024, « Unir nos actions pour préserver le mana de notre Océan », qui définit plusieurs priorités : conservation des écosystèmes, coopération scientifique, innovation pour l’économie bleue… ;
- projet de jumelage du parc polynésien Te Tainui Atea et du parc naturel de la mer de Corail pour symboliser la volonté d’œuvrer ensemble ;
- interventions communes à l’UNOC, à Nice en 2025 pour valoriser la création des réserves polynésiennes et du moratoire voté par le congrès calédonien ;
- projets de renforcer la collaboration et le partage d’expérience pour faire prospérer ces deux aires marines protégées ;
- avec les îles Salomon, le Vanuatu et le soutien de la Papouasie-Nouvelle-Guinée :
- projet de la Melanesian Ocean Reserve, annoncé à l’UNOC, en juin, et précisé au 54e sommet du FIP, à Honiara, en septembre 2025 ;
- l’appui technique du think tank salomonais Island Knowledge Institute (IKI) et de la fondation américaine Nia Tero.