"La science dans le Parc": les missions CACAO et Bougainville au cœur du dernier séminaire de l’année
06 décembre 2023
Le sixième rendez-vous de « La science dans le Parc » s’est tenu le 22 novembre en présence d’une quinzaine de participants. Ce dernier séminaire de l’année a mis en lumière deux belles missions scientifiques : CACAO et Bougainville.
Anne Lorrain, directrice de recherche en écologie marine à l’IRD au sein de l’UMR Lemar, a tout d’abord détaillé la mission CACAO qui s’est déroulée du 20 au 31 juillet aux récifs d’Entrecasteaux. Huit scientifiques et un cinéaste ont embarqué à bord de l’Antéa dans le but de mieux comprendre les mécanismes de fertilisation des eaux récifales par les excréments des oiseaux, communément appelé guano, et en évaluer l’impact sur la santé des coraux.
« Bien que nous sachions depuis longtemps que le guano est un fertilisant naturel pour les coraux, le quantifier et identifier les mécanismes sous-jacents est essentiel » a expliqué Anne Lorrain au cours de sa présentation. « Pour ce faire, nous avons effectué des observations et prélèvements sur deux îles qui ont des configurations écologiques contrastées : à Huon, où il y a peu d’oiseaux, et à Surprise, où ils sont abondants depuis qu’il y a eu une dératisation, en 2005. Le guano est riche en azote et nous avons, entre autres, suivi le trajet de cet azote dans la lentille d’eau douce, en mer et dans les coraux. Au total, nous avons filtré plus de 3600 L d’eau de mer, prélevé près de 300 échantillons de coraux sur 40 stations différentes et réalisé 30 plongées, avec un laboratoire à bord du bateau qui a fonctionné 24 h/24 h pour faire les analyses quasiment instantanément. Nos premiers résultats montrent que le guano stimule la croissance des coraux de manière significative, les faisant croître deux fois plus vite. La bonne santé des oiseaux bénéficie aux coraux et réciproquement. La santé des coraux et des oiseaux est étroitement liée. »
Mission Bougainville: cap sur le plancton
Mathilde Vigneron et Hugo Zaccomer, jeunes officiers aspirants de la Marine nationale, ont quant à eux présenté la mission Bougainville, lancée le 28 septembre dernier et prévue jusqu’en 2025. L’objectif de cette mission est d’étudier le microbiome de l’Océan (ou plancton), dans des zones lointaines et rarement échantillonnées du Pacifique et de l’océan Indien.
Tout juste diplômés de Sorbonne Université, Hugo Zaccomer et Mathilde Vigneron sont les deux officiers aspirants « biodiversité » de la mission Bougainville basés à Nouméa.
Quatre volontaires officiers aspirants « biodiversité » embarquent régulièrement sur des navires de la Marine nationale pour réaliser ces mesures : « Deux volontaires aspirants sont basés à Nouméa et deux à La Réunion, fonctionnant en binôme, avec au total neuf mois de mer par an » ont expliqué les jeunes scientifiques au cours de leur présentation. La collecte opportuniste de ces petits organismes planctoniques est, par exemple, très utile pour calibrer ou recalibrer les images satellites, mais elle permet surtout de recueillir des informations sur la santé des écosystèmes océaniques - biodiversité, espèces invasives ou toxiques, etc. -, et leur évolution en fonction des impacts globaux (acidification, réchauffement climatique…).
« Pour nos analyses du microbiome et observations, nous utilisons des instruments dits “frugaux”, c’est-à-dire peu coûteux, faciles à transporter et à réparer. L’idée, à terme, est de favoriser un déploiement de masse de ces instruments, partout sur les océans, et stimuler la science participative. »
À l’issue du séminaire, Mathilde Vigneron et Hugo Zaccomer ont déclaré avoir « beaucoup apprécié les échanges avec les membres du comité de gestion et du comité scientifique du Parc qui ont montré un réel intérêt pour cette démarche et les collaborations potentielles qui pourraient être envisagées ».
🡪La mission Bougainville est une coopération entre le projet Plankton Plant, la Marine nationale, Sorbonne université et plusieurs autres partenaires.